L’art de la co-création

LogoGrossJe travaille actuellement à la co-écriture d’un livre sur « L’art de l’intelligence relationnelle », avec Michel Sintes, chercheur en innovation et co-inventeur de la Daytona de Rolex, à paraître cet automne aux éditions Jouvence. Cette aventure est l’occasion d’approfondir les notions de créativité et de réseaux pour découvrir comment ils s’articulent. Sans dévoiler les modèles puissants qui se dégagent de cette recherche, regardons le processus de création à l’œuvre dans le défi de la co-écriture.

Pour préparer l’intervention d’Albert Jacquard, généticien des populations, à l’anniversaire des 10 ans de Rezonance, nous nous étions rencontré dans une brasserie parisienne. Il pleuvait, nous étions seuls dans l’établissement, et nos propos étaient rythmé par les gouttes de pluie qui martelaient la véranda. Ce fut l’occasion de lui faire part de mon étonnement : « Tous vos livres parlent du thème de la rencontre, mais aucun ne lui ai directement consacré. Pourquoi ? ». Silence. Le bruit de la pluie. Sa réponse « Parce que je ne peux pas écrire sur ce thème ». Je dois avouer que j’ai mis plusieurs années à comprendre sa réponse et à décortiquer ce processus exigeant. Et un jour, j’ai eu le déclic : pour écrire sur la rencontre, il est nécessaire d’être deux !

Un autre défi est de bâtir la confiance. Il y a ceux qui font confiance tout de suite et ceux qui ne le feront jamais. Entre deux, toutes les nuances sont possibles. Une chose est certaine, cela prend du temps. Ce nouveau livre, cela fait deux ans que nous en discutons. Le chemin de l’écriture est une succession de rendez-vous, comme autant de rencontres pour découvrir toute la richesse de l’univers de l’un et de l’autre.

J’ai déjà essayé de co-écrire un livre, mais cela n’a pas fonctionné, car il n’y a pas eu co-création. Chacun écrivait sa partition, sans création de quelque chose qui surprenne les deux parties prenantes au processus. Le défi est d’oser imaginer quelque chose de plus grand que l’addition de nos deux savoirs. Une symphonie qui nous dépasse.

Chronique de Geneviève Morand, présidente de la Fondation, paru dans dans 24 heures et dans la Tribune de Genève.